Photos :

 

  1. Près de Matahara, la voie ferrée traverse le lac Besaka sur une chaussée reposant sur une coulée de lave.
  2. Dans la gare de Dire Dawa, tous les panneaux sont encore bilingues : amharique et français.
  3. Un ancien wagon de 3ème classe.
  4. L’atelier de réparation à Dire Dawa.

Alfred Ilg et sa famille à la gare de Dire Daua (vers 1906)

Ancienne ligne de chemin de fer
Djibouti-Addis Abeba (entre Adama et Addis)

Le chemin de fer Addis Abeba – Djibouti

 

L’Ethiopie, grand pays enclavé, se devait d’avoir un accès à la mer.

 

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Peu après l’arrivée au pouvoir de l’empereur Ménélik II en 1889, véritable fondateur de l’Ethiopie moderne, naquit l’idée d’une voie ferrée qui relierait la capitale du pays, Addis Abeba, nouvellement créée, et le port de Djibouti.

La concession du chemin de fer fut confiée en 1894 à la Compagnie Impériale des Chemins de Fer Ethiopiens dont le créateur était un ingénieur suisse, Alfred Ilg, conseiller de l’empereur et principal promoteur du projet.

2Le premier rail fut posé à Djibouti en 1897 et la ligne avança vers l’Ouest, non sans difficultés du fait de l’opposition des tribus  dont les territoires devaient être traversés par la voie. Il fallut attendre 1917, pour qu’une locomotive fasse enfin son entrée en gare d’Addis Abeba, après un trajet de 785 km.

Jusqu’à la chute du dernier empereur, la Compagnie du Chemin de Fer Franco-Ethiopien était administrée par des cheminots français en collaboration avec des Ethiopiens dont la langue de travail était le français. La France possédait la partie djiboutienne de la ligne, mais transféra cette propriété au gouvernement djiboutien après l’indépendance en 1977.

 

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Dans les années 70, les équipements se détériorèrent et l’importance de la ligne décrut avec la concurrence du transport routier. Le voyage d’Addis Abeba à Djibouti durait une quarantaine d’heures et souvent davantage du fait des pannes, déraillements, attaques de bandits etc.

Une réhabilitation du réseau fut tentée à partir de 2003, à l’aide de fonds européens. Malgré cela, la ligne continua à péricliter et fut périodiquement fermée. Le seul tronçon assuré ces dernières années fut celui qui reliait la ville de Dire Dawa, principale gare intermédiaire éthiopienne, et Djibouti.

 

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Le coup de grâce fut donné en 2016 par l’inauguration d’une nouvelle ligne, électrifiée, construite par les Chinois. Le trajet s’effectue maintenant en 10 heures environ. Dans ces trains les stewards et les hôtesses sont chinois et le chinois a remplacé le français en tant que langue de travail.

Les anciens wagons et motrices continueront sans doute à rouiller dans des  gares désertées, hantées par le souvenir héroïques de la ligne « Franco-Ethiopienne ».

Texte et photos : Jean-Christophe HUET