La gare de Perpignan par Salvador Dali

Film Anna Karenine - Photo Henri ALEKAN

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À lire :

Mémoires d'un enfant du rail

Henri Vincenot

Éditeur : LE LIVRE DE POCHE (31/08/1991)

Résumé :

Voici l'épopée véridique du Chemin de Fer français à travers l'histoire d'une famille, celle d'Henri Vincenot : son grand-père était mécanicien de route, son père dessinateur-projeteur de la Voie, et lui-même a travaillé à la Compagnie P.L.M., avant de collaborer à la Vie du Rail. Henri Vincenot, dans ses souvenirs, fait revivre les travaux, les joies et les drames familiers de ce monde du rail, où la locomotive était un monstre sacré que, tout enfant, au sortir de l'école, il dévorait des yeux du haut du Rempart de la Miséricorde.

Vincenot nous délivre le récit de ses souvenirs d'enfant et d'homme. Enfant grandissant au sein de l'univers ferroviaire et se construisant en tant qu'homme au sein de cette confrérie. Son grand-père, son père, ses oncles sont tous de loyaux cheminots. Ils sont de cette coterie, de cette matrice au sein des motrices qui forge les hommes et leurs vies et où la fraternité n'est pas un vain mot. Il y a des divergences, des spécialisations dont Vincenot fait le récit avec acuité et délice. ll y a l'avènement de l'électricité à une époque où les trains sont à vapeur. Tout le chamboulement que cela implique, la réorganisation du travail, la transformation de la ville et la désertification des campagnes. Il y a les amours de Vincenot, son entrée à la société PLM qui deviendra la SNCF. Il y a les oppositions syndicales, les impérities des huiles. On se dit que rien n'a vraiment changé, du moins pas en profondeur. Vincenot n'est pas ici le chantre de la Bourgogne comme dans ses autres ouvrages. Il nous donne une tranche de vie, de sa vie à une époque où l'honneur, l'amour du travail bien fait, la parole donnée étaient les valeurs quotidiennes de l'honnête homme. Je ne conseillerai pas ce livre pour appréhender et apprécier l'oeuvre du maître. Mémoires d'un enfant du rail est plus personnel que ses ouvrages plus connus. Il n'en constitue pas moins pour le passionné un élément de l'univers de Vincenot dont j'ai toujours un grand plaisir à découvrir des éléments.

RAILS et CULTURE

Installés durablement dans le monde, les rails, se sont fondus dans le tissu social et dans les paysages. Partout où il put s'installer, le chemin de fer occupa une place singulière auprès des populations. Ainsi, les gares figurent-elles dans le quotidien des villes, que ce soit les transports intra-muros, les "métros", où les lieux spécifiques de liaisons plus lointaines. Alors, les architectes sont entrés en scènes et ces bâtiments utilitaires devinrent souvent des lieux spectaculaires entrés dans le domaine artistique. Ainsi, une gare, lieu populaire s'il en est, par sa valeur culturelle peut devenir identitaire d'une ville. On se souvient de la gare de Perpignan, en France, chantée par Salvador Dali...

Des lignes ferroviaires ont connu la célébrité par leurs caractères particuliers, surtout par le luxe presque ostentatoire qu'elles véhiculent. Luxe de l'Orient Express par exemple.

Les artistes ont découvert le train, reconnu comme lieu d'inspiration. Que ce soit les écrivains, les peintres, les photographes, les cinéastes, tous ont donné aux trains un rôle particulier dans leurs œuvres. Disons que les locomotives en ont inspiré plus d'un. Les trains fascinent toujours...

La grande famille des gens du Rail a développé des valeurs culturelles très tôt. L'explosion formidable des progrès au XIX siècle, doublée d'un extraordinaire courant intellectuel, artistique, social, voire politique, ont eu forcément une influence culturelle forte sur tous les domaines du Rail. Les trains ont révolutionné la vie des peuples dans le monde. Ces nouveautés publiques fortes ne pouvaient pas s'implanter partout sans que surgissent des œuvres liées à leurs existences durables dans les modes de vie.

Ainsi, en France, en 1938, la naissance de l'UAICF (Union Artistique et Intellectuelle des Cheminots Français) accompagne la naissance de la SNCF (Société Nationale des Chemins de Fer), pour fédérer les Associations culturelles issues des compagnies privées qui géraient les transports ferroviaires de la France. Cette fédération regroupe les membres dans un découpage géographique de l'Hexagone, les diverses Associations culturelles de cheminots. Elle a notamment pour but d'organiser des manifestations culturelles interrégionales. Elle existe encore aujourd'hui, ses activités sont nombreuses et variées; elle édite un guide très prisé des professionnels.

Diverses disciplines fonctionnent au sein de cette fédération : Arts et traditions populaires, qui dépasse le seul territoire français pour concerner aussi les folklores étrangers; les Arts de la nature, utiles pour découvrir les beautés de la biodiversité; les Arts plastiques et graphiques; le Chant choral; la Littérature, domaine très prisé ; la Philatélie des rails; le Théâtre...L'ensemble se retrouve dans la revue "Les Arts Cheminots" de publication bimestrielle.

 

PEINTURE et DéCORATION

 

Camille Pissarro - Station de Lordship Lane - Dulwich 1871 Claude Monet - Arrivée du train de Normandie,
Gare Saint-Lazare 1877

N'oublions pas les affiches. Très tôt, le succès des voyages ouvrit les portes au commerce, notamment des voyages de loisirs. Les congés-payés, en France, furent le succès formidable des trains de vacances. Il fallait donc stimuler le touriste par des affiches-réclames.

Un domaine, un peu inattendu dans l'Art de la table, nous vient des wagons restaurants : la faïencerie fine. Dans le n°10 de "Les rails de l'Histoire", Joseph-Jean Paques de Montréal, au Canada, nous parle de toutes ces petites merveilles de l'Industrie des céramiques populaires ornées de thèmes ferroviaires.

" De nombreuses manufactures de faïences se sont créées en France dès le début du XIXe siècle avec pour corollaire une production en série qui a su profiter de la technique du transfert d'images à partir de la gravure sur cuivre... certaines illustrations reflétaient l'actualité politique, artistique ou industrielle de leur temps... la plupart des productions de faïences mises sur le marché entre 1844 et 1852, contemporaines des premiers chemins de fer en France."

 

 

 

 

 

PHOTOGRAPHIE

O. Winston Link (à gauche sur la photo) est un photographe américain passionné par les trains qui dans les années 1950 a réalisé ces photographies de nuit des derniers trains à vapeur encore en service aux Etats-Unis en utilisant des flashs puissants et des mises en scène élaborées.

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CINéMA

Jean Renoir, en 1938, à l'heure où se crée la SNCF, tourne un film d'après le roman de Zola "La Bête humaine". Ce film met en scène la vie rude des mécaniciens de locomotive, dans une "Pacific". Le succès fût fulgurant et dure encore...

En 1951, Georges Lacombe réalise (toujours avec l'acteur Jean Gabin) un film moins connu intitulé "La nuit est mon royaume"; histoire d'un mécanicien devenu aveugle.

D'une autre manière, de façon un peu plus secondaire, un film de Claude Chabrol, en 1978, met en scène l'affaire Violette Nozière, cette empoisonneuse dont le père, une de ses victimes, fut largement présenté dans cette histoire sordide qui enflamma jusqu'au monde politique. Il était mécanicien PLM du dépôt du Charolais, qui eut l'honneur de conduire le train du Président de la République!

Mais aussi d'autres films célèbres dans lesquels le train tient sa place : "Le train sifflera trois fois".

Le train sifflera trois fois est un western américain de Fred Zinnemann sorti en 1952. En 1989, le film est sélectionné pour le National Film Registry par le National Film.

 

 

 

LITTéRATURE

Qui n'a pas entendu parler, lu ou vu au cinéma, la fameuse "Bête Humaine", roman d'Emile Zola (1840-1902) publié en 1890.  C'est le 17e volume de la série des Rougon-Maquart. L'auteur évoque, avec son style réaliste incomparable, le monde des trains à vapeur de l'époque, monde dur, passionnant et dangereux. Un monde bien particulier que l'auteur a dû fréquenter et même s'y immerger grâce à la Compagnie de l'Ouest qui le reçu dans une locomotive du Paris-Nantes. Le drame évoque la liaison fusionnelle du conducteur avec sa locomotive qu'il appellera "Lison".

Dans les traces de Zola, en 1933, Paul Nizan écrit un roman intitulé "Antoine Bloyé", au service du Matériel et de la Traction du réseau d'Orléans. Cette ascension de l'échelle sociale est vue par un sympathisant communiste, en phase avec la communauté du Rail. Le Front Populaire n'est pas loin.

Un homme du sérail, bourguignon, géologue, ingénieur, Guy Roques nous livre dans un livre intitulé "De la bête humaine au TGV" publié chez l'Archipel en 2012, toute son expérience dans la création de la première ligne à grande vitesse en France : Paris-Lyon-Marseille.

Dans les célèbres "Livres de Poche" 1991, Henri Vincenot nous confie "les souvenirs d'un enfant du rail", un enfant qui grandit dans le monde ferroviaire. Ce monde, l'Auteur le connaît bien, lui-même collaborateur de "La VIE DU RAIL".

 

 

 

LA PRESSE SPéCIALISéE

En France, il existe quelques magazines liés aux rails, chemins de fer, et thématiques au sein même des métiers du rail. Nous avons choisi quelques exemples :

"LA VIE DU RAIL" - "LES RAILS DE L'HISTOIRE"

"L'ESCARBILLE"

 

"MAGAZ'N" hyper spécialisé pour les passionnés de trains miniatures, circuits électriques, et concours entre les Associations telles que l'AFAN

(Association Française des Amis du N) Le N est un véritable Club international, il a comme origine l'écartement des rails: 1,43m! On n'imagine mal la complexité et les passions engendrées par ces modèles réduits de circuits ferroviaires.

 

PHILATéLIE

Assez rapidement, le domaine des timbres postaux s'est emparé des trains avec un grand succès populaire. Pourquoi ? Le succès du chemin de fer, dès le XIXe siècle a plus ou moins coïncidé avec l'apparition des timbres et l'extraordinaire développement des courriers internationaux. Un beau timbre, symbole du progrès ornait alors les enveloppes des voyageurs. Voyageurs qui prenaient les trains partout, dans presque tous les pays. Parallèlement, les fameux trains postaux occupaient les rails. Création du premier wagon postal en juillet 1845. On utilisait le temps des trajets pour effectuer le tri des lettres. Les trains de nuit permettaient la livraison dès le lendemain matin...

L'arrivée des trains à grande vitesse marquèrent la fin de bien des wagons postaux. Les collectionneurs de timbres, les philatélistes, pouvaient trouver là un thème de choix. Les artistes aussi.

 

Loisirs

Il faut distinguer, d'une part les nostalgiques des vieilles machines, vieux trains d'antan, remis amoureusement en ligne, et les jeux de trains électriques.

 

Les vieux circuits avec locomotives à charbon, à vapeur, sifflantes et crachantes, avec des wagons anciens plus ou moins craquants, sont aujourd'hui destinés aux touristes dans des régions souvent pittoresques. Les trains ainsi restaurés font le bonheur des passionnés qui entretiennent minutieusement de magnifiques vieux engins. Les touristes, les vacanciers, les nostalgiques, savourent ainsi des excursions "à l'ancienne", aujourd'hui très prisées.

Il n'y a pas si longtemps les enfants voulaient tous avoir un train électrique, avec ses rails qu'on fixait bout à bout, ces petites locomotives tirant des wagons miniatures dans des lignes signalisées. Les pères appréciaient eux aussi ces jeux d'appartement. Les trains miniatures sont encore bien actifs avec des passionnées collectionneurs, des adultes, des magasins, des fabricants et tout un domaine bien singulier. Un grand circuit est exposé sous la gare de l'Est à Paris.