L'Isle d'Abeau
Ont été retenus ici :
quelques extraits issus de la base documentaire sur les villes nouvelles - Cédérom des villes nouvelles françaises réalisé par le ministère de l'Equipement et le Programme interministériel d'Histoire et d'évaluation des villes nouvelles françaises (HEVN) en 2002 ;
une large partie de l'étude réalisée par la direction régionale de l'Insee Rhône-Alpes pour l'EPIDA (Etablissement public d'aménagement de la ville nouvelle de l'Isle d'Abeau créé en 1972).
Au centre de gravité de la région Rhône-Alpes, avec une ouverture sur les Alpes, la Suisse et l'Italie, la ville nouvelle de l'Isle d'Abeau bénéficie d'une situation géographique exceptionnelle à l'échelle régionale, nationale et européenne. Située à 15 mn de l'aéroport International de Lyon/Satolas, à moins d'une heure de 7 des 8 chefs lieux de départements qui constituent la région Rhône-Alpes, la ville nouvelle offre une bonne desserte tant par la route (trois accès directs à l'autoroute Lyon-Grenoble-Chambéry, connexion au maillage autoroutier par le contournement Est de Lyon) que par le rail (1 gare TGV et son prochain développement vers Turin et l'Italie, 4 stations TER, ligne SNCF et correspondance avec le métro).
La création de la ville nouvelle résulte de la décision du comité interministériel d'aménagement du territoire (CIAT) du 26 mai 1970. Organisé, suite à la loi Rocard en 1983, en syndicat d'agglomération nouvelle (SAN), le territoire de l'Isle d'Abeau est composé de 5 communes : Four, L'Isle d'Abeau, Saint-Quentin-Fallavier, Vaulx-Milieu et Villefontaine.
Le SAN est souvent comparé à deux périmètres plus larges dont il fait partie : le schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme de l'Isle d'Abeau (SDAU) d'une part et le syndicat d'études pour l'aménagement territorial de l'Isère du Nord (SATIN) d'autre part. Le SDAU, approuvé en 1978, regroupe 33 communes toutes situées dans l'Isère et intègre notamment Bourgoin-Jallieu et La Verpillière. Ces deux communes appartiennent aussi au SATIN qui comprend au total 27 communes en 2002. Dans le cadre de la loi solidarité et renouvellement urbain (SRU) du 13 décembre 2000, les SDAU seront peu à peu remplacés par des schémas de cohérence territoriale (SCOT). Le périmètre du SCOT Nord-Isère a été arrêté le 5 février 2001 et porte sur 94 communes. Le syndicat mixte pour l'élaboration et le suivi du SCOT Nord-Isère a été créé, quant à lui, le 27 décembre 2001.
Couvrant 6 400 hectares, l'Isle d'Abeau s'est réalisée en tirant parti de son paysage (1 500 ha d'espaces verts), sans doute le plus beau de toutes les villes nouvelles, alliant collines verdoyantes et larges perspectives vers les Préalpes. Ces larges espaces peuvent accueillir de grandes implantations industrielles et tertiaires avec l'accompagnement des services indispensables. Ainsi, créé en 2000, le Parc international d'activités de Chesnes-Nord s'étend sur 450 hectares à proximité de l'aéroport de Lyon-Saint-Exupéry.
POPULATION ET LOGEMENT
Une croissance démographique rapide, mais en baisse depuis la période 1975-1982
Avec une densité de 602 habitants au km², L'Isle d'Abeau compte près de 39 000 habitants en 1999, soit 0,7 % de la population de Rhône-Alpes. La ville nouvelle connaît depuis une trentaine d'années une croissance démographique élevée, bien supérieure à celle de la région : + 7,4 % en moyenne par an contre + 0,8 % pour la région et l'aire urbaine de Lyon. Avec 1 100 habitants supplémentaires chaque année, sa population a été multipliée par neuf depuis 1968, ce qui représente près de 3 % de l'accroissement total de la population régionale. Le développement de la ville nouvelle de L'Isle d'Abeau a été particulièrement soutenu entre 1968 et 1982, avec une augmentation annuelle moyenne de 10,7 %. Depuis, le rythme s'est nettement ralenti : + 6,8 % par an entre 1982 et 1990 et + 3,0 % entre 1990 et 1999. Ce ralentissement est dû exclusivement à la réduction de l'apport migratoire, le taux de variation dû au mouvement naturel étant resté stable. Depuis 1990, le solde migratoire contribue encore pour 40 % à la croissance de la ville nouvelle, mais cette part s'élevait à près de 87 % entre 1975 et 1982.
Alors qu'en 1968, elle était la commune la plus peuplée de la ville nouvelle, Saint-Quentin-Fallavier a laissé sa place à Villefontaine et compte désormais trois fois moins d'habitants que cette dernière (5 800 contre 17 800), mais aussi deux fois moins d'habitants que L'Isle d'Abeau (12 000). Au cours de la dernière période intercensitaire (1990-1999), la commune de L'Isle d'Abeau se distingue par une croissance nettement supérieure à celle des autres communes : + 9 % par an. A l'inverse, Vaulx-Milieu (+ 0,3 %) et Villefontaine (+ 1,1 %) sont nettement en-dessous.
Une population qui se renouvelle rapidement
Entre 1990 et 1999, les communes de la ville nouvelle ont accueilli nettement plus de nouveaux arrivants qu'elles n'ont vu partir de personnes. En 1999, un peu plus de la moitié (53 %) des habitants vivaient dans une autre commune en 1990. La commune de L'Isle d'Abeau se distingue par le poids particulièrement important des nouveaux arrivants : près de sept personnes sur dix ne vivaient pas dans la commune neuf ans plus tôt. A Four, au contraire, la population est stable : près de 63 % des habitants de cette commune y résidaient déjà en 1990.
Les nouveaux arrivants viennent en grande majorité des départements du Rhône et de l'Isère. Seules les communes de L'Isle d'Abeau et de Villefontaine exercent leur attraction de manière importante sur des zones plus éloignées.
Un solde migratoire globalement très excédentaire
Le solde des échanges migratoires des communes de la ville nouvelle, à l'intérieur de la France métropolitaine, est largement excédentaire : ces communes ont attiré 4 500 personnes de plus qu'elles n'en ont vu partir entre 1990 et 1999, soit 19 500 arrivées pour 15 000 départs. Exprimé en taux annuel de migration nette, le solde le plus favorable revient à la commune de L'Isle d'Abeau ; il représente chaque année 6 % de la population. Seule la commune de Villefontaine connaît la situation inverse, avec un excédent des départs sur les arrivées qui s'élève à 800 personnes.
Les nouveaux arrivants et les personnes ayant changé de commune dans la ville nouvelle comportent une surreprésentation de jeunes adultes âgés de 25 à 39 ans et d'enfants de moins de 15 ans. Parmi les sortants, les jeunes de 19 à 24 ans sont relativement nombreux. Du fait de cette structure par âge contrastée, entre les arrivants et les sortants de la ville nouvelle, les soldes migratoires (internes) sont très différents d'une classe d'âge à l'autre. Le solde migratoire des jeunes âgés de 19 à 24 ans est déficitaire dans la ville nouvelle ; il en est de même pour les personnes de 40-59 ans. Il est par contre très excédentaire pour les 30-39 ans et les moins de 15 ans.
Un résident sur quatre a moins de 15 ans
De 1990 à 1999, l'âge moyen des habitants de la ville nouvelle est passé de 27,5 ans à 29,7 ans. La tendance au rajeunissement de cette population, observée entre 1975 et 1990, s'est donc inversée au cours de la dernière décennie. Un quart des résidents de la ville nouvelle a moins de 15 ans et un tiers entre 20 et 39 ans.
L'Isle d'Abeau se caractérise par une surreprésentation des ouvriers (16 % contre 11 % en Rhône-Alpes) au détriment relatif des cadres et professions intellectuelles supérieures. Par contre, en raison de la jeunesse de sa population, la ville nouvelle compte relativement moins de retraités et davantage de personnes sans activité (dont font partie les étudiants et les moins de 15 ans).
Un parc locatif social développé dans les communes de L'Isle d'Abeau et Villefontaine
En 1999, 12 800 ménages vivent dans la ville nouvelle, soit près de 10 fois plus qu'en 1968. Chaque ménage compte, en moyenne, 3 personnes. Cette taille a toujours été supérieure à la moyenne régionale et à celle de l'aire urbaine de Lyon (2,4), mais l'écart diminue depuis 1982.
Les personnes seules et les ménages de 2 personnes ne représentent que 45 % des ménages contre plus de 60 % en Rhône-Alpes et dans l'aire urbaine. L'Isle d'Abeau accueille, en effet, davantage de familles avec enfant(s) et chacune d'entre elles compte en moyenne 1,5 enfant contre 1 dans le reste de la région.
Le secteur locatif social est fortement développé dans la ville nouvelle : 56 % des logements sont des logements HLM, qui constituent 90 % du parc locatif. Un tiers des ménages sont propriétaires de leur résidence principale. Dans les communes de L'Isle d'Abeau et Villefontaine, la part des ménages locataires représente plus de sept ménages sur dix, contre moins de quatre sur dix dans les autres communes. En particulier, la part des locataires en logement HLM est importante : 66 % des ménages, contre moins de 32 %. Il en est de même pour la part des logements collectifs, sensiblement plus forte que dans les autres communes : respectivement 39,5 % des logements et 55 %, contre moins du quart dans les trois autres communes.
Les logements de petite taille (deux pièces ou moins) sont également relativement plus nombreux dans ces deux communes. A L'Isle d'Abeau, les logements récents, construits depuis 1990, représentent près de la moitié de l'ensemble des logements, soit nettement plus que dans les quatre autres communes. Cette commune et Villefontaine ont en effet bénéficié d'importants programmes immobiliers entre 1982 et 1999 : 90 % de la construction neuve en ville nouvelle se situe dans ces deux communes.
ACTIVITE ET EMPLOI
Forte croissance de la population active
Avec près de 19 000 actifs en 1999, la ville nouvelle de L'Isle d'Abeau a été l'objet d'un développement économique particulièrement fort au cours des années 90 : + 3,6 % en moyenne par an entre 1990 et 1999, contre + 0,7 % pour la région Rhône-Alpes. En trente ans, le rythme de progression a été de + 7,9 % par an (+ 1,1 % dans la région). En 1999, le taux d'activité en ville nouvelle est de 66 %, supérieur de près de 10 points au niveau régional.
La moitié de la population active est constituée de professions intermédiaires et d'employés. Les ouvriers constituent toujours la catégorie la plus représentée (33 % contre 28 % en 1982). La proportion d'ouvriers est plus élevée dans les communes de Saint-Quentin-Fallavier et Villefontaine (36 % chacune), tandis que les cadres et les professions intellectuelles supérieures sont plus représentées dans les communes de L'Isle d'Abeau (11 %) et Vaulx-Milieu (16 %).
Dans la ville nouvelle, le chômage concerne 13,1 % de la population active contre 11 % en région. Avec un taux de chômage de 15,3 %, Villefontaine est la commune la plus touchée.
Un emploi sur cinq dans le services aux entreprises
L'Isle d'Abeau totalise près de 19 000 emplois en 1999, soit 19 fois plus qu'en 1968. La ville nouvelle représente aujourd'hui 0,4 % de l'emploi régional. Le rythme de croissance de l'emploi se ralentit depuis 1982, mais reste à un niveau encore très soutenu : entre 1990 et 1999, l'emploi a doublé.
Les emplois offerts dans la ville nouvelle sont concentrés sur deux communes : plus de la moitié des emplois sont localisés à Saint-Quentin-Fallavier et un sur cinq à L'Isle d'Abeau.
Les activités présentes dans la ville nouvelle sont assez diversifiées, avec notamment une industrie très présente et un secteur tertiaire bien implanté : industries électriques et électroniques, commerce de gros, transports et services aux entreprises. Elles sont en proportion nettement plus représentées que dans l'ensemble de la région Rhône-Alpes et marquent la spécificité de la ville nouvelle. Le tertaire représente trois quarts des postes offerts grâce notamment au secteur des services entreprises qui, à lui seul, est à l'orgine de 21 % des emplois de la ville nouvelle. Avec 11 % des emplois dans le secteur des transports, la ville nouvelle s'affirme comme plate-forme logistique d'importance nationale voire européenne dans l'est lyonnais. Les emplois de ce secteur sont principalement localisés sur la commune de Saint-Quentin-Fallavier.
69 % des locaux mis en chantier à Saint-Quentin-Fallavier
De nombreux locaux d'entreprises ont dû être construits dans la ville nouvelle. Entre 1982 et 1999, plus de 1,2 million de m² ont ainsi été mis en chantier. L'année 1992 est la plus faste pour la construction de locaux (162 000 m²), ce qui représente 13 % de la construction neuve de la ville nouvelle au cours de cette période. Les principales destinations des locaux construits sont les activités de stockage (43 %) et les bâtiments industriels (27 %).
Au total, la construction s'est concentrée sur Saint-Quentin-Fallavier qui représente un peu plus des deux tiers des mises en chantier. Cette commune a accueilli 93 % des surfaces de stockage dans la ville nouvelle et 63 % des locaux industriels. La commune de L'Isle d'Abeau s'est équipée de locaux destinés à l'enseignement et à la culture (53 % des mises en chantier de la ville nouvelle), en particulier avec l'implantation de l'université. Le centre commercial régional a également été bâti dans cette commune, qui concentre de ce fait, 72 % des surfaces commerciales construites
Un équilibre habitat/emploi atteint
Entre 1990 et 1999, la ville nouvelle de L'Isle d'Abeau est vraiment devenue un pôle d'emploi dans la mesure où elle offre davantage d'emplois qu'elle ne compte d'actifs , ce qui n'était pas le cas en 1990. Ainsi, le taux d'emploi qui s'élevait à 0,7 en 1990 est passé à 1,0 en 1999 (0,6 en 1968). A l'exception de la commune de Saint-Quentin-en-Fallavier qui se distingue particulièrement (3,8 emplois par actif résident), les quatre autres communes affichent un profil plutôt résidentiel et offre un taux d'emploi variant de 0,4 (Four) à 0,7 (L'Isle d'Abeau).
Six emplois offerts sur dix occupés par des non-résidents
Les déplacements quotidiens d'actifs se multiplient : plus de 20 500 personnes entrent chaque jour dans la ville nouvelle ou en sortent pour des raisons professionnelles. Les flux d'entrants sont très supérieurs aux flux de sortants surtout pour les cadres et professions intellectuelles supérieures, ce qui pourrait traduire une certaine difficulté à inciter ces catégories à habiter sur place.
La grande majorité (62 %) des personnes travaillant dans la ville nouvelle n'y résident pas. Cette caractéristique s'est renforcée au cours des années 90, puisque la part était de 55 %. Le nombre d'actifs ayant un emploi dans la ville nouvelle et n'y habitant pas a en effet davantage progressé (+ 115 %) que celui des actifs travaillant et résidant sur place (+ 67 %). Pour ces derniers (7 200 actifs stables), le taux de stabilité atteint près de 45 %.
En conclusion…
Initialement prévue pour accueillir 250 000 habitants à terme (dans le cadre du SDAU), la ville nouvelle s'est développée sur un vaste territoire (15 km de long et 5 km de large), elle apparaît aujourd'hui sous la forme des pôles urbains assez dispersés et fortement dédiés soit à des fonctions résidentielles, soit à des activités, ayant ainsi chacun leur caractère spécifique.
L'établissement public d'aménagement (EPIDA), créé en 1972, a connu depuis 10 ans deux importantes restructurations du fait notamment du ralentissement de la croissance économique du milieu des années 1990 et d'une baisse volontaire de son activité dans le domaine du logement pour y introduire plus de mixité sociale. Le rythme actuel de commercialisation est d'environ 30 hectares de terrains pour activités et de 200 logements par an. Deux zones d'activités sont hors périmètre du SAN : la Maladière à Bourgoin-Jallieu et le parc d'activité de Chesnes-Nord en partie sur la commune de Satolas-et-Bonce.
Les différents parcs d'activité ont façonné le paysage économique des cinq communes composant la ville nouvelle, qui offre aujourd'hui à la fois un large éventail d'activités mais également des spécialisations fortes (plate-forme logistique, hautes technologies, services).
A noter d'abord la mutation de ce territoire, qui est entré dans une logique de développement, et l'incontestable succès en matière d'implantations d'entreprises (19 000 emplois). La ville nouvelle a installé une dynamique de changement et l'Etat, par le moyen de l'établissement public, a contribué à constituer un patrimoine foncier qui permet de le consolider et d'en organiser le prolongement (1 700 ha de réserves foncières hors ZAC appartenant à l'Etat). Sur les plans de l'habitat et du cadre de vie, la qualité environnementale est soulignée par la forte présence d'espaces naturels et agricoles qui confère à L'Isle-d'Abeau une image de “ ville verte ”.
« L'agglomération de L'Isle d'Abeau est aujourd'hui un pôle structurant de la région, ancré dans l'aire métropolitaine lyonnaise et dans la dynamique de développement du nord du département de l'Isère. Le devenir de ce pôle doit s'inscrire à la fois dans un cadre très large dont la planification stratégique dépasse les limites de l'actuel schéma directeur et à une échelle locale adaptée à la résolution des problèmes observés : diversification de l'habitat, développement des transports collectifs, équilibre des fonctions urbaines... Cette échelle locale nécessite une coopération élargie et renforcée entre les diverses collectivités locales concernées, notamment Bourgoin-Jallieu » (1).
(1) Extrait issu du rapport établi en avril 1999 par la préfecture de Région, concernant les études préalables à la Directive Territoriale d'Aménagement de l'aire urbaine de Lyon ; il met l'accent sur les synergies à promouvoir entre la ville nouvelle et les territoires voisins, en particulier Bourgoin-Jallieu pour l'aspect urbain et Satolas pour la dimension économique.
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