AU PLUS PRÈS DES BÉBÉS PHOQUES
Là-bas, au Canada, plus précisément sur la banquise des îles de la Madeleine, on les appelle les "blanchons". Ce blanc qui devait les protéger des prédateurs sur l'immaculée blanche des glaces, devint leur triste destin. Le plus dangereux des prédateurs voulait leur peau, belle fourrure pour femmes élégantes...
Où en est-on aujourd'hui, en 2016 ? Et si le Tourisme prenait la place des chasseurs pour la remplacer par une découverte écologique ?
Nous avons demandé à notre spécialiste Stéphanie Giacomotto son point de vue que voici :
Si vous recherchez un voyage qui vous permettra la découverte d’une nature fragile, d’un environnement capable de susciter l’émotion chez les plus blasés et de contempler l’éveil à la vie sauvage d’une faune qu’il faut protéger, ne manquez pas de découvrir l’archipel des îles de la Madeleine, situé au cœur du golfe du Saint Laurent, entre la péninsule gaspésienne et l’île du Prince Edouard. Composé d’îles, de dunes, de plages de sable, de falaises en grès rouge et de pittoresques maisons en bois très colorées, l’archipel des îles de la Madeleine invite été comme hiver, au dépaysement et à la découverte d’une culture authentique… Seulement 7 des 12 îles qui le composent sont habitées par les humains mais toutes abritent une foule d’animaux, des phoques aux cormorans en passant par les pluviers siffleurs, une espèce menacée. En hiver, lorsque les îles se transforment en véritables lagunes glacées, elles deviennent pour un temps, la pouponnière pour les phoques du Groenland. En effet, c’est ici que ces mammifères venus de l’Arctique choisissent de mettre bas. L’aventure que nous vous proposons cet hiver, débutera dans la ravissante ville de Québec, premier centre urbain en Amérique du Nord à figurer sur la liste du « Patrimoine Mondial de l’Humanité » par l’UNESCO. Québec vous charmera par ses habitants, ses ruelles typiques et ses bâtiments historiques. Pendant votre séjour aux Iles, vous explorerez cet archipel au décor si singulier et féerique avant de vivre une expérience exceptionnelle. En effet, c’est en hélicoptère que vous rejoindrez la banquise pour approcher de près ces mammifères pacifiques accompagnés de leurs petits. Vous deviendrez le témoin privilégié de l’extraordinaire beauté qui s’offre devant vous.
TÉMOIGNAGE
Stéphanie Giacomotto répond aux questions de l’office de tourisme du Québec maritime, pour leur blog.
À quel moment a eu lieu votre excursion d’observation des blanchons ?
L’excursion pour l’observation des blanchons a eu lieu au mois de février 2015, donc en plein hiver ; le froid du nord, mais aussi le ciel bleu de l’hiver canadien étaient au rendez-vous.
Était-ce la première fois que vous vous approchiez d’un mammifère marin ?
Oui, toute première fois qu’il y avait ce contact direct, intense ; j’ai pu approcher d’autres mammifères marins, par exemple des baleines ou des dauphins en faisant de la plongée. Mais au-delà même du fait que l’être humain en plongée est dans un environnement où la sécurité doit primer, les baleines, les dauphins ne permettent pas ce contact qui émotionnellement parlant est unique : là on ressent véritablement un contact privilégié et on n’est pas simplement spectateur comme derrière un masque de plongée. C’est pour cela que je dis que c’est bien la première fois que j’approche ainsi, vraiment, un mammifère marin.
L'observation des blanchons était-elle la seule activité proposée ?
De retour en France, j’ai conçu un programme que j’ai appelé « L’éveil des blanchons » ; ce n’est pas un hasard : j’ai souhaité que les voyageurs s’éveillent eux-mêmes face à la beauté de la nature au Canada et puisse vivre ce que j’ai vécu : une expérience intense, riche, diversifiée qui combine culture, nature, émotions, beauté et même silence.
Au départ de Québec, le trajet s’est fait en avion. Il dure environ 3 heures et passe assez vite car entre l’excitation de l’expérience que j’allais vivre et les sublimes paysages vus du ciel, pas le temps de s’ennuyer.
Le séjour aux Iles est prévu sur 4 jours. L’observation des blanchons y est bien sur l’activité principale et dure une demi-journée.
Le reste du séjour est consacré à la découverte de petits coins de paradis perdus, connus seulement des insulaires… de la pointe Ouest et centrale des îles reliées entre elles par d’étroites dunes de sable. Visite du centre d’interprétation du phoque, dégustation de bières à l’abri de la tempête, mettre le cap sur la plage de la Grande Échouerie, classée parmi les plus belles du monde par le prestigieux magazine National Geographic, admirer les étoiles depuis la banquise, faire de la raquette ou du ski de forêt, apprendre à photographier le coucher du soleil à Belle-anse…
Dans quel état d’esprit vous sentiez-vous avant de les voir ?
Comme tout voyageur qui veut approcher ces mammifères, qui sait que cela constitue le point majeur du voyage, inutile de dire que tous les voyageurs présents dans le groupe ce jour-là avaient conscience d’aller vivre un moment hors normes, avaient le sentiment d’être privilégiés en ayant la possibilité de connaitre ce que peu de monde connaitra dans sa vie. Il faut se réveiller tôt ? Qu’importe : tout le groupe était prêt à l’heure et nous avions tous cela en commun : cette pointe au creux de l’estomac qui fait plaisir parce qu’on sait qu’on va approcher quelque chose d’unique, de beau et que l’on sait qu’on en reviendra avec des images extraordinaires.
Combien de temps êtes-vous restée sur place à observer les blanchons ?
Quelques secondes… Non quelques semaines… En fait deux heures extraordinaires qui me semblent avoir passées à la fois très vite et parce qu’elles étaient intenses apparaissent très riches. A aucun moment il n’y a eu le sentiment qu’il faisait froid, qu’il fallait rentrer … La beauté des lieux, le fait de se dire que nous étions au milieu de l’Océan, sur la banquise, dans un lieu plus beau encore qu’un décor de cinéma fait que le temps semblait s’être arrêté. Quand il a fallu repartir, j’ai regardé ma montre : déjà 2 heures ? Seulement 2 heures …
Combien pensez-vous avoir vu de blanchons ce jour-là ? (une estimation)
Je dirais qu’il y a deux moments : l’arrivée et sur place. Avant d’atterrir, tout le monde essaie de voir le sol et alors c’est un spectacle incroyable que de distinguer des milliers de blanchons ; je n’exagère pas et en tous cas c’est le sentiment que nous avions : il y en avait des centaines ; une fois à terre, cela s’est confirmé puisque personnellement j’estime avoir vu une centaine de blanchons et donc je n’ai eu que l’embarras du choix pour choisir ceux dont j’allais m’approcher et avec qui nous allions nous regarder, les yeux dans les yeux.
Avez-vous pu les photographier ou les filmer ?
Sans aucun problème ! J’ai pu photographier, filmer, être photographiée… en gros plan avec un blanchon, de plus loin, sur la banquise : l’impression de sérénité qui se dégage de ce lieu fait qu’il n’y a pas crainte, de mouvements brusque ; on s’approche, on photographie, on est photographié, tout naturellement…
Pouvez-vous nous décrire l’ambiance ? Ce que vous avez ressenti ?
Une fois descendue sur la banquise, on progresse doucement et silencieusement, un bâton à la main pour éviter de glisser. On est sur la banquise, loin de tout, loin du bruit de la ville, loin du stress. Le blanc est partout. On est hors du temps. Chacun est libre de se déplacer, d’aller et venir à sa guise – sous l’œil expert du guide quand même, mais là plus que jamais avec ce sentiment de vivre l’exceptionnel ; tous, nous savions que nous étions un petit groupe de privilégiés et finalement cela nous rendait respectueux. L’excitation avant le départ a fait place à un sentiment d’exaltation qu’il est très difficile de décrire parce qu’il est très personnel : est-ce ce sentiment de liberté, de bout du monde, ce ressenti du silence troublé juste par les premiers cris des blanchons appelant leurs mères ? Toujours est-il que nous ressentions vraiment le fait d’être dans un « ailleurs total » avec la volonté de tout voir, de ne pas lâcher une seule seconde, de ne rien perdre, mais en étant sereins, apaisés, zen… Un peu comme dans un rêve très agréable en sachant qu’il faudra quand même se réveiller ; nous nous sommes pris mutuellement en photo et finalement je dirais que ces sentiments très personnels n’ont pas empêché de créer dans le groupe des liens forts.
Si vous deviez résumer en une phrase cette expérience, que diriez-vous ?
Un moment intense, hors du temps, qui vous marque à jamais par sa beauté simple et qu’il faut vivre respectueusement en sachant qu’on est privilégié d’avoir la chance de vivre une telle expérience.
Quels conseils donneriez-vous aux touristes qui souhaitent observer les blanchons ?
C’est un voyage qui touche au plus profond le voyageur : il faut mentalement être prêt à vivre l’extraordinaire ; si c’est juste pour voir, c’est dommage. Echangez bien avec votre voyagiste pour être certain que ce voyage vous correspond : le temps, le nombre de blanchons, l’environnement, font qu’il n’y a pas deux fois le même voyage : il faut donc savoir savourer chaque seconde de cette expérience intense et donc s’y préparer ; soyez respectueux pour que ces instants d’émotions puissent être vécues par la suite par d’autres qui pourront à leur tour approcher les blanchons. Choisissez bien votre voyagiste pour qu’il ne vous vende pas cette expérience comme quelque chose de banal.
Est-ce une expérience que vous seriez prête à revivre ?
On part quand ?
Stéphanie Giacomotto
Conseillère clientèle - Production Canada
Mon téléphone : 01.45.65.00.00
Mail : stephanie@nord-espaces.com
De quels phoques s'agit-il?
Nous avons consulté l'excellent livre publié chez Delachaux et Niestlé, par un collectif de naturalistes et de peintres animaliers dont nos collaborateurs le Dr. Moutou, et Patrick Haffner du Muséeum National d'Histoire Naturelle, livre consacré aux Mammifères.
Il s'agit du Phoque du Groenland, Pagophilus groenlandicus, que l'on rencontre également tout au Nord de l'Europe, ce qui explique pourquoi on le trouve page 12O du livre.
" Phoque noir et blanc en pelage adulte. Marque noire en forme de selle ou de U sur le dos. Tête noire. Reste du pelage blanc avec de petites taches sombres. Queue courte et aplatie dorso-ventralement. Nouveau-né blanc, appelé blanchon. Juvénile gris argenté de noir après la première mue vers 1 mois....
Dessins de Jean CHEVALLIER
... Habitat : dans l'eau la plupart du temps. Banquise du nord de l'Océan Atlantique et de l'Océan glacial Arctique pour la reproduction. Dans la zone considérée, deux zones de reproduction : mer blanche (Russie) et îles Jan Mayen au nord de l'Islande...
... Biologie : Lié au mouvement de la Banquise. Grégaire lors de la reproduction. Les accouplements ont lieu peu après les naissances en février/mars, dans l'eau. Mange très peu pendant la mue qui intervient au printemps. Se nourrit de Morue, de Capelan, de Harengs et de Krill. Les adultes plongent à plus de 100 m.
LE POINT DE VUE DES PROTECTEURS DE LA NATURE
C’est la Fondation Brigitte Bardot qui a dénoncé les chasses aux « bébés phoques » dans les années 80, notamment par un voyage très médiatisé de la célébrissime actrice sur la banquise. Du sang juvénile sur la glace, il n’en fallait pas plus pour émouvoir les populations et déclencher la colère des chasseurs canadiens. Il faut reconnaître que ces « bébés phoques » sont tellement mignons et incapables de se défendre que leur massacre annuel ne pouvait que choquer la plupart des gens.
Voici ce que nous dit la Fondation :
En 1983, suite à la grande campagne médiatique de Brigitte Bardot sur la banquise canadienne, l’Europe interdit tout commerce de fourrure de blanchons, ces bébés phoques âgés de quelques mois, ce qui a pour résultat de freiner de manière spectaculaire les massacres.
En 1995, les massacres reprennent, mais cette fois-ci le commerce porte sur la fourrure des juvéniles et n’entre donc pas dans le cadre juridique de l’interdiction européenne d’importer et de commercialiser la fourrure des blanchons. En 2009, grâce au travail de lobbying de la Fondation auprès du Conseil et du Parlement européen un embargo européen est adopté interdisant tout commerce de produits dérivés de phoques en Europe.
Notre combat contre la fourrure ne s’arrête pas uniquement à la protection des phoques. Le 31 Décembre 2008, nous avons obtenu l’interdiction de la commercialisation de peaux de chiens et de chats en Europe.
Vous trouverez toutes ces informations sur notre site à l’adresse :
http://www.fondationbrigittebardot.fr/international/animaux-sauvages/phoques/le-combat-dune-vie
LEGISLATION CANADIENNE ACTUELLE
Suite à notre conversation téléphonique, je vous envoie les liens qui expliquent la situation de la chasse aux phoques au Canada :
http://www.dfo-mpo.gc.ca/fm-gp/seal-phoque/myth-fra.htm
http://www.dfo-mpo.gc.ca/fm-gp/seal-phoque/index-fra.htm
Cordialement,
Ambassade du Canada à Paris ; Délégué commercial Agriculture, Agro-alimentaire, Pêche, Environnement.
CONCLUSION
La question des "bébés phoques" a l'importance des problèmes écologiques actuels : ce qui était justifié jadis devient presque indécent aujourd'hui. Le monde change. Il faut comprendre qu'un peuple de trappeurs, en place depuis des siècles, un peuple dont les méthodes de chasses sont souvent cruelles (pièges à mâchoires par exemple) soit en quelque sorte peu décidé à changer ses traditions.
Les traditions ont la vie dure ! Elles font - hélas - souvent force de loi.
Pour leurs fourrures, combien d'animaux sur terre ont-ils été traqués? En général, les périodes de reproduction sont respectées. Ici, aux îles de la Madeleine, c'est le contraire. Certes l'espèce n'est pas en danger. Pour le moment.
La chasse est une chose, la manière de tuer en est une autre. Il faut respecter la sensibilité de ceux qui - on peut le comprendre ici - s'insurgent contre le massacre de petits animaux incapables de se défendre.
Nous sommes persuadés que les initiatives touristiques seront un des moyens de protéger les "bébés" phoques. Un Tourisme respectueux, conscient de ses responsabilités, amoureux des beautés de la nature et source de nouveaux revenus pour les populations locales.
Ainsi, avec les temps qui viennent, la glace de la banquise ne sera plus souillée de rouge.
Felicio Rodriguez pour AFITV.
Pour tout renseignement concernant le voyage aux Iles de la Madeleine, appeler Stéphanie Giacomotto 33 1 45 65 00 00 à Paris.