En passant par Buenos Aires
Buenos Aires, que abrazo ! Dès le premier contact, cette ville est incroyablement séduisante. Elle vous prend en main, elle vous guide comme pour un tango. Cette immense métropole de 15 millions d’habitants (deuxième ville d’Amérique latine, 3 millions, intra-muros) s’étend sur 3800 km² (Paris 105 km²). Elle se divise en une multitude de quartiers (barrios). Ils se définissent comme sûrs, pas sûrs, « à éviter », les tops, les branchés, les « craignos ». Rien que pour les plus centraux, ce sont évidemment les plus bourgeois, les plus bohêmes ou les plus historiques et surtout les plus touristiques : Balvanera, San Telmo, Recoleta, Palermo, San Nicolas, Montserrat, Retiro ou Puerto Madero, le nouveau quartier d’affaire. Et puis, il y a la Boca, à une demi-heure (à pied) de Plaza Dorrego (San Telmo). On change de dimension : extravagance, folie, insécurité. C’est le Buenos Aires libéré ! La Boca, quartier ouvrier (d’origine italienne) est située à l’extrême sud-est de la ville. Il est connu dans le monde entier pour son stade de foot le plus mythique de la planète (La Bombonera), son univers festif, artistique si bien retranscrit dans les toiles du grand peintre argentin (enfant de La Boca) Benito Quinquela Martin (1890-1977). Ses rues sont une explosion de couleurs. C’est ici où peintures et personnages viennent s’exhiber sur les façades en tôle des maisons ; où les porches servent de minuscules milongas ; où Caminito (rue la plus connue de La Boca) n’est autre que le titre d’une chanson de Tango du célèbre Carlos Gardel.
La Boca à l’embouchure du Rio de La Plata est le port historique de Buenos Aires. Elle fut habitée par des émigrés italiens (et plus particulièrement les génois) au XIXe siècle. Ces ruelles multicolores font l’attrait international du quartier ; des maisons faites de bric et de broc, en bois et tôle ondulée aux façades bariolées dont les couleurs proviennent de la récupération de peintures destinées aux bateaux (Photos FC)
Caminito est la rue emblématique de La Boca, l’un des endroits sans doute les plus photographiés au monde. En 1950, les habitants sous l’impulsion du célèbre peintre argentin Benito Quinquela Martin, originaire de la Boca, décident de rénover leur quartier qui tombait à l’abandon (Photo FC)
Gran Paraiso, à La Boca (Caminito) est une parrilla très fréquentée (barbecue, viande grillée) ; un endroit particulier avec ses tables en plein air, bien ombragées, ses charmilles et le soir, ses tangos. Au fond, une maison génoise a été reconstituée avec à l’étage un bureau qui pourrait être celui d’un écrivain ou d’un journaliste des années 1930 (Photo FC)
À La Boca, le tango est partout. C’est à l’arrivée notamment des émigrés venus d’Italie qu’est né le Lunfardo, argot de Buenos Aires. Il est devenu la langue du Tango (Photo FC)
El Samovar de Raspoutin à La Boca, célèbre établissement qui à la tombée de la nuit au départ des touristes, se transforme pour un public marginal, en scène de Blues et de Jazz underground (Photo FC)
▲ Vu dans la rue : El arte callejero no es delito (le street art n’est pas un crime) Photo FC
Enfin Buenos Aires !
Une fois passée la cohue de l’aéroport Ezeiza (en plein agrandissement), question change, crise économique oblige, ça change en permanence. Ajoutez une commission exorbitante. Alors, on négocie discrètement dans l’arrière-boutique. Ici, presque tout se paye par carte bancaire, même un simple café. Dernière formalité, la recherche d’un kiosko (sorte de petite épicerie qui vend de tout) pour carte téléphone (Claro) ou cartes de transport (SUBE). Mais quelle ponctualité, le taxi Cabify (tout aussi efficace que les Uber mais ici illégal) est là. 35 km d’autoroutes urbaines, direction San Telmo. Enfin Buenos Aires !
Soirs tranquilles Plaza Dorrego à San Telmo
Qui n’a pas rêver de Buenos Aires ? C’est la plus lointaine, la plus australe, la plus romanesque, la plus mythique des villes d’Amérique du Sud. Elle est époustouflante ! Je n’ai fait que l’effleurer mais elle me manque déjà. Les argentins de Buenos Aires, les Porteños (ceux du port) comme ils se nomment, sont en général buena onda (de bonne humeur). On dit d’eux qu’ils sont des italiens qui parlent espagnol, qui se prennent pour des anglais et qui rêvent d’être français. Ils adorent vivre la nuit. On dîne tard après 22 h et on s’attarde souvent jusqu’à l’aube (sieste indispensable !). J’ai le souvenir de ces soirées Plaza Dorrego (quartier de San Telmo), dans la douceur des nuits de novembre (printemps austral) : derniers couples enlacés sur des tangos* qui commencent à se déliter. Sur la table, malbec de Mendoza, torrontés de Salta et assortiment d’empanadas. Autre soir, autres vins accompagnés d’un morceau de reggianito (sorte de parmesan) dégoté l’après-midi juste à côté dans le must de San Telmo, son marché couvert. Quelques bouteilles venues de l’extrême, de la Patagonie, de la bodega Del Fin del Mundo (province de Neuquén). A croire que cet immense pays s’étend jusqu’au bout du monde !!! Finesse, légèreté rien que pour damer le pion à l’incroyable opulence des vins de Mendoza. Et pourquoi ne pas finir la soirée en douceur. Si le glacier (heladeria) du coin de la place est encore ouvert, alors, ce sera pour moi un cucurucho à 3 boules mais opération périlleuse avec un bon 10 cm au-dessus du cornet (le choix des parfums est monstrueux et la glace se vend au kg !). Demain le ciel sera encore plus bleu et la ville encore plus accueillante. Pas d’inquiétude, notre Airbnb est à deux pas, calle Humberto 1er.
* Le dimanche après-midi, la place se transforme en milonga en plein air, où experts et amateurs s’unissent pour danser le tango à même les pavés. Question boissons, il n’y a pas que le vin, la ville regorge de bars à cocktails. Quant à la boisson nationale, le maté, au goût de thé vert et à arrière-gout de tabac, non décidément ce n’est pas ma tasse de thé !
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Plaza Dorrego, barrio de San Telmo, le cœur du Buenos Aires bohême. D’ailleurs, ne ressemble-t-elle pas à Montmartre et à la place du Tertre. On aperçoit les tours de l’église San Pedro Telmo construite par les jésuites vers 1734 (Photo FC)
Chaque dimanche, Feria de Las Artes San Pedro Telmo autour de la Plaza Dorrego et le long de calle Defensa, très courues des touristes (Photo FC)
Parque Lezama à San Telmo en direction de La Boca. On remarque les cinq bulbes bleu recouverts d’étoiles dorées de l’Iglesia Orthodoxa Rusa de la Santisima Trinidad élevée au XIXe siècle dans le style des églises moscovites du XVIIIe siècle (Photo FC)
C’était avant avant la covid
Buenos Aires ne s’appréhende que par un choc : cocktail détonant de lumière, de bruits, d’odeurs, de couleurs, de dance, de musique. Une ville enivrée dans les effluves d’une folie communicative. Oublier quelques instants les contraintes d’un pays à la dérive, les plaies d’une dictature mal refermées ; la cohorte des disparus, la plainte des Mères de la Place de Mai* et puis l’affront des Malouines… Mon expérience de Buenos Aires, c’est fin 2019 et c’était avant ; avant un énième défaut de paiement illustrant une crise économique endémique et mortifère (le pays est en récession depuis 2018) ; quelques jours avant la nomination d’un nouveau gouvernement après des élections gagnées par le nouveau président, Alberto Fernández. Et surtout avant l’éteignoir de cette pandémie qui a mis la ville KO.
*Les Mères de la Plaza de Mayo, un groupe de mères et de grands-mères qui prirent l’habitude de se rassembler sur cette place à partir de 1977 pour savoir ce qu’étaient devenus leurs enfants et petits-enfants disparus pendant la sale guerre de 1976 et de 1983.
Se perdre dans Buenos Aires
En marchant dans les rues, nez au vent, première impression, celle d’un Paris un peu suranné (Buenos Aires n’est-elle pas surnommée le Paris du Sud, voyez Recoleta). Serait-elle aussi mâtinée d’Italie, d’Espagne, bref d’Europe, tout le charme de cette immense métropole très cosmopolite à l’extrême sud d’une Amérique qui se veut si peu « américaine ». Mais quel spectacle de longer ces grandes avenues bordées de jacarandas en pleine floraison ! Eh oui, à Buenos Aires, on marche, on s’arrête, on discute, on prend un café, une bière, une glace. Les Porteños sont d’une incroyable disponibilité. Se perdre dans les dédales du très cool et branché Palermo à la recherche d’une rue près de Plaza Italia, c’est un attroupement qui viendra vous aider. Il faut dire que le quartier grouille d’ambassades, de bars, de restaurants, de rooftops jusqu’à une mosquée, offerte par le Roi Fahd à l’Argentine. C’est aussi, une concentration de musées (Musée des Arts Déco, Musée Sivori, Musée Evita). Pour beaucoup, la destination première de Palermo, sont les Bosques de Palermo (Jardín Bótanico, Jardín Japones, La Rural), véritable poumon vert de la ville. Et que dire de Rosedal, extraordinaire jardin qui abrite près de 20 000 roses de mille espèces. Mais de quel Palermo parle-t-on ?
Palermo Viejo, Palermo Hollywood ou Palermo Soho ?
Palermo Viejo si bien décrit par l’écrivain Jorge Luis Borges est aujourd’hui le quartier le plus créatif et le plus vaste de Buenos Aires. Il est aussi le plus étonnant. Sait-on que Palermo en 30 ans s’est entièrement réinventé. Des designers, des créateurs de tendances et de modes, des artistes, des architectes l’ont transformé. Ils en ont fait un top quartier en le redessinant et en le redistribuant en zones baptisées de noms qui ne figurent pas (ou pas encore) sur le cadastre. Ainsi, divisés par l’Avenida Juan B. Justo (là où passe la voie de chemin de fer de San Martin), d’un côté au nord, un peu excentré, se trouve Palermo Hollywood avec ses nombreuses sociétés de production, de chaînes de télévision, d’entreprises hightech ; et au sud, au cœur du quartier historique, Palermo Soho. Il se concentre autour de Plaza Julio Cortázar (anciennement Serrano), place circulaire à l’intersection des rues Serrano et Honduras. Palermo Soho est à la mode. C’est tout à la fois, le quartier des créateurs, du design, des media mais aussi celui de la vie nocturne, des discothèques, des bars, des restaurants gastronomiques… Alors, à chacun de choisir son Palermo !
Plaza Italia (quartier de Palermo) est la plaque tournante des transports à Buenos Aires (métros, bus). Elle doit son nom à la statue de l’italien Guiseppe Garibaldi érigée en 1904. Elle est traversée par l’Avenida Santa Fé et fait l’angle avec le Jardin Botanico et l’Eco Parque (Photo FC)
San Telmo, populaire, touristique, culinaire et surtout central
Retour à notre quartier d’adoption, San Telmo, le plus ancien quartier de Buenos Aires avec ses rues pavées, son architecture coloniale, ses places ombragées et sa feria du marché de San Telmo (tous les dimanches), sorte de marché aux puces avec antiquités, brocante, produits artisanaux, fringues… Une ambiance digne de Montmartre, de Shoreditch (Londres) ou encore de Greenwich Village à New-York.
Moment important, le petit-déjeuner ! De Casa Santelmo ( notre Airbnb à la porte spectaculaire), 3 minutes suffisent pour rejoindre Mercado San Telmo. C’est le plus vieux marché de Buenos Aires avec ses verrières, ses poutrelles métalliques et sa profusion de fers forgés (style Baltard). Coffee Town y occupe un petit stand de café tenu par des baristas de talent. Ils servent le meilleur expresso de la ville. Réveil garanti ! Ensuite, se laisser tenter par les croissants et le pain français de la boulangerie Merci. Mais, prenez plutôt place dans une panaderia (boulangerie)* qui confectionne ses propres facturas (viennoiseries). Ah ces medialunas (mini croissants) avec dulce de leche (confiture de lait) ou dulce de membrillo (confiture de coing). Seule contrainte, la marche pour éliminer !
La Casa San Telmo (notre Airbnb) situé Humberto Primo 558 est à deux pas de Plaza Dorrego (Photos FC)
Le Mercado de San Telmo (Monument Historique depuis 2000) à 100 m de Plaza Dorrego est un lieu de vie et d’échange où tout le quartier se retrouve. Son ouverture date de 1897. Il a conservé sa structure interne d’origine avec des poutres, des arcs, des colonnes métalliques et des toits en tôle et en verre avec un grand dôme au centre. On y trouve de tout, fruits, légumes, fromages mais aussi falafel et shawarma du Moyen-Orient, crêpes françaises, tapas et tortillas espagnoles, empanadas et bières artisanales (Photo FC)
Au marché de San Telmo, tout est bon pour s’y rendre : petit déjeuner, déjeuner au comptoir et toute sorte de dégustation, un lieu unique ! (Photos FC)
Végétariens s’abstenir !
Calle Defensa qui longe Plaza Dorrego résume bien tous les poncifs d’un quartier populaire qui mute vers la boboïsation. Ce qui était le cœur culinaire de San Telmo avec ses restaurants traditionnels parrillas (grillade et barbecue) est devenue une rue chic (au grand bonheur des végétariens !) avec antiquaires, galeries de peinture, épiceries fines, bars à vin, restaurants cotés. Mais pour les inconditionnels du bife de chorizo (contre-filet), bife ancho (entrecôte), bife Angosto ou ojo de bife (faux filet) servi avec la traditionnelle ensalada mixta (laitue, oignons et tomates assaisonnées à l’huile d’olive et vinaigre balsamique) ou frites (papas fritas), il reste dans le quartier une poignée d’irréductibles comme La Brigada, Gran Parrilla del Plata ou El Desnivel. Au fait pour la cuisson si c’est saignant ou bleue, précisez jugosa ! Sans doute faut-il rappeller que les Argentins sont les plus grands consommateurs de viande au monde.
Désolé, on est loin de Buenos Aires mais en Patagonie à El Calafate, Parque National las Glaciares en bordure du Lago Roca. C’est tout près du Perito Moreno. Ces gauchos du ranch parquent de jeunes bœufs à la forme très impressionnante. Au pays de l’Asado (barbecue), ils représentent la fortune du pays !
On ne rigole pas avec l’asador du restaurant Nibepo Aike (Lago Roca près d’El Calafate). La technique consiste à embrocher verticalement « a la cruz » la viande ou la placer horizontalement sur la grille de la parilla, sorte de barbecue au charbon ou au bois. L’asado repose sur une cuisson lente de la viande, qui peut durer plusieurs heures (Photo FC)
De San Telmo, Buenos Aires se découvre à pied
San Telmo a aussi l’énorme avantage d’être très central. De Plaza Dorrego, tout semble accessible à pied. En 20 minutes, par Defensa on arrive directement Plaza de Mayo marquant la Révolution du 25 mai 1810. Elle est connue pour être le théâtre de toutes les grandes manifestations politiques de l’Argentine. En son centre, la célèbre Pirámide de Mayo élevée en 1811. A ses pieds, souvenir émouvant, des mouchoirs blancs et des châles peints sur le sol en hommage aux Mères de la Plaza de Mayo. Sur la droite, l’énorme bâtisse rose n’est autre que le Palais présidentiel (Casa Rosada), siège du gouvernement où se trouve le célèbre balcon de Perón et d’Evita.
La Casa Rosada a été, tout au long de l’histoire de Buenos Aires, le siège des différentes autorités politiques successives qui ont gouverné le pays. En voyant son célèbre balcon, on imagine Juan et Evita Perón s’adressant aux masses à la fin des années 40 et au début des années 50. Mais alors, pourquoi rosada ? La légende voudrait qu’il s’agisse de la fusion du blanc des Unionistes et du rouge des fédéralistes (relisez l’histoire de l’Argentine !). En fait, il s’agit tout simplement de l’enduit utilisé qui était un mélange de chaux et de sang de bœuf, technique très utilisée en Argentine au XIXe siècle (Photo FC)
Plaza de Mayo qui fait face à Casa Rosada. Son nom commémore la Révolution du 25 mai 1810, date à laquelle les citoyens réunis sur cette place, ont réussi à expulser le vice-roi pour former un gouvernement autonome. Plaza de Mayo voit depuis s’y dérouler la plupart des événements politiques et sociaux du pays. On distingue la Catedral Metropolitana de Buenos Aires, un édifice de style néoclassique dont la façade a été réalisée par l’architecte français Prosper Catelin en s’inspirant de celle du Palais Bourbon. Une autre image plus dramatique fut celle des « Mères de la Plaza de Mayo », une association qui a vu le jour pendant le dernier gouvernement militaire de la République argentine dans le but de retrouver les détenus disparus (et les enfants enlevés) Photo FC
En passant par Puerto Madero
Autre trajet, passer par les quais de Puerto Madero, le long du Rio Darsena Sur avec vue sur le quartier d’affaire et ses incroyables gratte-ciels. Tout à l’est, sur l’autre versant, la Reserva Ecologica Costanera Sur, véritable bulle d’oxygène de la capitale. Elle s’étend sur plus de 350 ha. Enfin, amarrée le long du quai, la frégate Presidente Sarmiento (ancien bâteau-école) transformée aujourd’hui en musée et plus loin, le futuriste Puente de la Mujer, pont tournant de 102 m de long réservé aux piétons.
Amarrée sur le dock 3 de Puerto Madero, nouveau quartier d’affaire de Buenos Aires, la Fragata Presidente Sarmiento. Après 37 tours du monde comme bateau-école, elle est depuis 1961 bateau musée ouvert au public. Puerto Madero, tout proche de Casa Rosada et de Plaza de Mayo, s’est transformé dans les années 1990. Ces anciens docks sont devenus un quartier d’affaire ultra moderne (Photo FC)
De Avenida de Mayo à Avenida 9 de julio, la plus large avenue du monde
On est ici au cœur de l’Argentine. Pour vous en convaincre, installez-vous sur l’une des chaises en cuir rouge du café Tortoni, Avenida de Mayo. Commandez un chocolate y churros. Savourez, vous êtes dans le plus ancien café d’Argentine, un café littéraire légendaire fondé par un couple de français en 1858, à l’image de son pendant parisien, Boulevard des Italiens. Toute la société intellectuelle, politique et internationale y a défilé. Dans le bar, la bibliothèque. Vous trouvez également des tables de billards, des jeux de sociétés et au sous-sol une salle de tango et de jazz (juste à côté se trouvent l’Academia National del Tango et le World Tango Museum).
A 300 mètres plus haut, vous tomberez sur la prestigieuse Avenida 9 de Julio, fierté des argentin : 140 m de large, 4 km de long, 14 voies. C’est la plus grande avenue du monde. De Salta au nord-ouest du pays, à Iguazu à l’est, jusqu’en Patagonie, difficile de ne pas tomber sur une rue, une avenue ou une place du 9 de Julio (cette date de 1816 est la proclamation officielle de l’Indépendance de l’Argentine). Avouons-le, c’est une avenue vraiment impressionnante avec son point de repère, l’Obélisque. Elle a été inaugurée le 23 mai 1936 pour le quatrième centenaire de la première fondation de la ville. Elle est haute de 67,50 m. Beaucoup d’argentins la considère comme le symbole de Buenos Aires. Mais le point d’orgue ici n’est autre que le Teatro Colón (l’Opéra) faisant face au Palais de justice (Plaza Lavalle) ; un opéra reconnu dans le monde entier pour son acoustique exceptionnel et son architecture uniques. Un joyau du bel canto né en 1857.
L’Avenida de Mayo et Buenos Aires sont en fête. On célèbre la Journée nationale des Afro-Argentins et de la culture afro, ce samedi 9 novembre : défilé rythmé par les Palenqueras et les lutherías (instruments à percussion), danses, concerts non-stop ; et tout au long de l’avenue, des stands d’artisanat et de gastronomie. Cette date rend hommage à María Remedios del Valle, décédée le 8 novembre 1847, après avoir combattu dans l’armée du Nord et nommée capitaine par le général Manuel Belgrano (Photos FC)
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Café Tortoni, au 825 de l’Avenida de Mayo, café de la Belle Epoque, le plus célèbre et le plus vieux café de Buenos Aires. Alors est-ce ce monsieur Touan, immigrant français, son fondateur en 1858 qui fait de la retape devant son établissement ? Il est certain qu’une partie de l’histoire de Buenos Aires s’est manigancée ici, à ces tables et entre ces murs de marbre. On y a croisé parmi les écrivains, Jorge Luis Borges, Luigi Pirandello, Federico García Lorca et Julio Cortázar, ainsi que le musicien Arthur Rubinstein. Il se murmure qu’au Café Tortoni, Carlos Gardel avait une table qui lui était réservée, loin de la vue de ses nombreux admirateurs (Photo FC)
L’Avenida 9 Julio à Buenos Aires avec ses 140 m de large serait l’avenue la plus large du monde (chiffre contesté par les brésiliens dont l’axe monumental de Brasilia entre Plaza del Ayuntamiento et Plaza des Trois Pouvoirs, ferait 250 m). L’Avenida 9 Julio dessert sans doute les plus beaux monuments de la ville. Cet obélisque que l’on voit à la tombée de la nuit, érigé en 1936 haut de 67,5 m (206 marches pour atteindre le sommet), est le point de repère et le cœur de Buenos Aires. C’est là que le peuple s’est rassemblé pour pleurer le décès d’Evita Peron, le 26 juillet 1952. On y croise la statue de Don Quijote offerte par l’Espagne en 1980, le Teatro Colon inauguré en 1908, l’Ambassade de France considérée comme l’un des plus beaux édifices de la capitale. En fin de course, tout au sud, le quartier de la Constitucion autour de la gare, est connu pour ses mouvements sociaux (Photo FC)
L’Avenida 9 Julio tout proche des lieux du pouvoir, voit au quotidien défiler nombre de manifestations. Il faut dire que cette avenue a les épaules suffisamment larges pour accueillir petites et très grandes manifestations (Photo FC)
Teatro Colón, Orfeo & Euridice au paradis !
Pour Teatro Colón, comptez 41 minutes (à pied) de Plaza Dorrego (San Telmo). Mais que sont ces 41 minutes pour s’asseoir (en réalité, debout, tout en haut, dernier balcon, derniers billets mais visibilité à 180°) dans l’un des plus beaux et des plus prestigieux opéras du monde. C’est l’une des scènes majeures de l’art lyrique, un lieu sacré, une consécration pour les artistes qui sont passés ou ont travaillé au Colón : Toscanini, Stravinsky, Strauss, la Callas, Régine Crespin, Bartoli, Caruso, Domingo, Pavarotti, mais aussi Karajan, Muti, Barenboim, Noureev, Béjart, Bocca ou des stars du tango et du rock argentin. Restauré avec les technologies du XXIe siècle pendant 7 ans, il a rouvert en 2010. Une récente étude place le théâtre Colón en tête des 23 salles d’opéra étudiées en Europe, en Amérique et au Japon pour son acoustique unique au monde. Alors pour les mélomanes, se déplacer du bout du monde pour venir assister à un opéra au Colón, c’est accomplir un pèlerinage dans la Mecque de l’art lyrique.
Teatro Colón (opéra) vu de l’Avenida 9 Julio. C’est sans doute avec Casa Rosada le monument historique le plus emblématique de Buenos Aires. Les amateurs le considèrent à la hauteur de la Scala de Milan, du Semperoper de Dresde, de l’Opéra de Paris ou celui de Vienne. Pas de doute, Teatro Colón s’inspire du style néobaroque de l’Opéra Garnier à Paris. On trouve même une pointe d’Art nouveau dans certaines parties de l’édifice. Il est inauguré le 25 mai 1908 avec Aida, l’œuvre de Giuseppe Verdi. On sait depuis qu’il est le plus grand, le plus somptueux des opéras d’Amérique (Photo FC)
Un Orphée & Eurydice minimaliste et épuré
Ce soir-là, la chance a voulu que nous soyons les derniers détenteurs d’un précieux billet pour Orfeo & Euridice (Orphée et Eurydice) de Christoph Willibald Gluck sur le livret de Raniero de Calzabigi, opéra en 3 actes créé en 1762. En fait, ce fut une version moderne et audacieuse (pas de lyre, ni de couronne de laurier, ni même de colonnades grecques) pour cet Orphée & Eurydice à laquelle nous assitions. Elle fut minimaliste et épurée, volonté du chorégraphe (et metteur en scène) Carlos Trunsky dans l’esprit de Gluck, lui qui voulait se débarrasser du luxe de l’époque baroque pour se concentrer sur l’émotionnel : une plate-forme tournante avec des escaliers qui ne mènent nulle part, un décor austère et la surprenante évolution de danseurs nus au deuxième acte. Distribution : contre-ténor, le canadien Daniel Taylor dans le rôle d’Orfeo, les sopranos Marisú Pavón et Ellen McAteer dans ceux d’Eurídice et d’Amour sous la direction du chef invité, l’espagnol Manuel Coves. Salle comble, enthousiasme d’un public transporté. En évoquant ce Teatro Colón, Luciano Pavarotti eut cette réponse : cette salle est parfaite ! Terrible car si vous faites une erreur le public s’en rend compte tout de suite.
Teatro Colón vu du haut de son 7e étage. Il dispose d’une salle de 2500 sièges. Il peut accueillir 3000 spectateurs en comptant les gradins des derniers étages où nous étions. Cette salle en forme de fer à cheval offre l’une des meilleures acoustiques de tous les opéras du monde et cela, malgré des dimensions impressionnantes (28 m de haut, 32 m de diamètre, 75 m de profondeur). A noter qu’il a été entièrement rénové et restauré entre 2006 et 2010 (Photo FC)
Représentation d’Orphée & Eurydice de Christoph Willibald Gluck sur un livret de Ranieri di Calzabigi. Daniel Taylor (contre-ténor) est dans le rôle d’Orphée, et les deux sopranos, Marisú Pavón dans celui d’Eurydice et Ellen Mc Ateer dans celui d’Amour. Une représentation minimaliste et épurée du metteur en scène et chorégraphe Carlos Trunsky : dans cette mise en scène avec les trois solistes et un groupe de danseurs. Le chœur est dans la fosse avec l’orchestre précise-t-il (© Prensa Teatro Colon / Arnaldo Colombaroli)
Recoleta, le chic et le macabre
Recoleta n’est finalement pas si loin de Plaza Dorrego, à peine 5 km (prévoir une bonne heure de marche en empruntant Defensa et l’Av Pres. Manuel Quintana). Recoleta n’a pas l’aura cool et jeune du Palermo Soho ou Palermo Hollywood. On y trouve pourtant un foisonnement de musées, de galeries d’art, de boutiques chics et de nombreux espace verts, et puis. Il y a bien sûr l’église Del Pilar, le Palais de Glace, la faculté de droit… Par bien des côtés, on se croirait à Paris, un peu d’Haussmann, un peu d’Art nouveau. D’ailleurs la place centrale n’est autre que Plaza Francia avec ses cafés et ses restaurants. Promenez-vous avenue Alvear, c’est le Buenos Aires élégant et aristocratique où domine le style français avec ses véritables palais construits entre 1880 et 1920 quand le pays a connu une véritable prospérité et les classes supérieures avaient élu Paris comme étant leur ville préférée.
Alors allons-y, allons dans le franco-français, à 300 m de Plaza Francia en entrant dans une des institutions de la ville, le restaurant de l’Hôtel Club Francés. Somptueux manoir qui vit passer Georges Clemenceau, Jean Mermoz, Antoine de Saint-Exupéry, André Malraux ou des visiteurs étrangers comme le prince de Galles, futur roi Édouard VIII. Environnement feutré, décor d’acajou, fauteuils et canapés en cuir, tableaux de maître aux murs : luxe et volupté pour un déjeuner sous les lumières tamisées de l’orangerie.
Juste à côté du Cementerio de la Recoleta, une basilique toute blanche : Nuestra Señora del Pilar. C’est l’une des plus belles œuvres de l’architecture coloniale de Buenos Aires, l’une également des plus anciennes et l’une des rares à conserver tous ses retables, ornements et éléments de culte de l’époque. Elle possède une petite crypte et un lieu appelé Los Claustros, vestige de ce qui était autrefois le cloître du monastère, actuellement dédié à un musée où l’on peut voir des peintures, des sculptures, des manuscrits, des images de dévotion, des objets liturgiques, etc. (Photo FC)
Aimeriez-vous vous attabler pour un café aux côtés de deux monstres sacrés de la littérature argentine, les écrivains et poètes Jorge Luis Borges (1899-1986) et Adolfo Bioy Casares (1914-1999, d’origine béarnaise), tous les deux, prix Cervantes. Alors, approchez une chaise. On est à La Biela, café historique et littéraire face à la basilique Nuestra Señora del Pilar et au Cementerio de la Recoleta (Photo FC)
A la sortie du Cementario de Recoleta, il presque réconfortant de croiser Atlas, un titan constitué à 85 % d’épaves de voitures. S’il n’est pas condamné à porter le poids du monde sur ses épaules, il lui faut cependant supporter les branches du plus vieux gommier (Ficus elastica ou gommier caoutchouc) de Buenos Aires, un arbre, planté en 1781, connu sous le nom de Gomero de la Recoleta. Ce très vieux gomero a une envergure de 50 m, le tronc a un diamètre de 1,5, les branches font 28 m de long et l’arbre mesure environ 20 m de haut. Cette espèce d’hévéa est originaire d’Asie tropicale (Photo FC)
Cementario de Recoleta, sans doute le cimetière le plus connu au monde avec sa star, Evita Peron
Recoleta est surtout un quartier connu pour son célèbre cimetière (Cementario de Recoleta) où reposent dans une débauche extravagante de mini palais et de mausolées de marbre couronnés de coupoles et de statue tous ceux qui ont marqué l’histoire de la société argentine. C’est une véritable ville avec ses avenues et ses ruelles qui s’étend sur 5,5 ha. On recense plus de 6 400 mausolées et tombeaux dont 94 sont classés Monuments historiques. Ils abritent, honneur à la plus connue Eva Perón (Evita). Elle repose 24 ans après son décès dans le mausolée le plus visité et plus fleuri. Ses voisins sont des présidents, des généraux, des amiraux et la plupart des personnalités publiques ainsi que de riches estancieros. Faut-il y aller ? Se perdre dans la foule des visiteurs et des ouvriers, arpenter ce qui paraît être comme un labyrinthe, essayer de déchiffrer une inscription, apercevoir à travers vitres et portes grillagées, ces cercueils qui ont résisté au temps ; les fleurs fanées, un arrosoir oublié, des photos jaunies, l’éclat coloré d’un vitrail venant jouer sur la tristesse de ces lieux. Tout cela serait-il censé être beau ? A vous d’en juger ?
A l’entrée du Cementario de Recoleta, cette mise en garde sur la porte monumentale du cimetière : Expectamus Dominum (nous attendons le seigneur), mais pas trop tôt quand même ! Beaucoup ici l’ont trouvé (!). A vous maintenant de découvrir leurs noms bien visibles, effacés ou souvent oubliés sur les quelque 6400 mausolées et tombeaux dont 94 sont classés Monuments historiques. Un détour bien évidemment pour Evita Peron. Il vous suffit de suivre la foule (Photo FC)
Quand Buenos Aires nous amène jusqu’au bout du monde
Echappons à la pesanteur et à l’étroitesse. De Buenos Aires, tout est « immensément » vaste. Le Rio de la Plata, aperçu du hublot à la descente de l’avion, a la dimension d’une mer séparant Argentine de Uruguay. A l’ouest, Buenos Aires, à l’est Montevideo. Un fleuve disent modestement les argentins mais de 220 km d’une rive à l’autre, le plus large du monde !
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On est côté Brésil, que diriez-vous d’une pause, Hotel Belmond das Cataratas à Foz do Iguaçu. C’est le seul hôtel au beau milieu du parc des cascades. Un 5 étoiles à l’allure de ces palaces à l’architecture coloniale et aux tons délicieusement rosés. Après la bière brassée pour l’hôtel, Nacir le sommelier nous initie au Cachaça. Le mirador de l’hôtel fait office de tour d’observation, du haut, le spectacle est éblouissant ! (Photo FC)
Une initiation avec le sommelier de l’hôtel das Cataratas au Cachaça (sorte de rhum) pour ensuite passer au caipirinha, le cocktail national du Brésil, à base de cachaça, citron vert, sucre et glaçons (Photo FC)
De Puerto Iguazu à la Patagonie
De Buenos Aires, le rêve et l’aventure sont à portée des bus et des avions. Dans quelques jours de l’aéroport el Palomar à 18 km à l’ouest de Buenos Aires, un vol low cost Flybondi nous emmènera jusqu’à Puerto Iguazu, cette pointe au nord-est du pays que se partage Argentine, Brésil et Paraguay. A eux trois, ils gèrent le plus impressionnant spectacle que la terre ait porté : les chutes d’Igazu. D’un autre aéroport mais en pleine ville (Aeroparque Jorge Newbery) longeant le Rio de la Plata, il faut 3 heures sur Aerolinas Argentinas pour rejoindre El Calafate (près de 3000 km), au sud de la Patagonie. C’est le dernier refuge des chevaux sauvages. C’est aussi l’entrée du parc national Los Glaciares avec son incontournable Perito Moreno. Un immense glacier qui malgré le réchauffement climatique, continue d’avancer à raison de 2 m par jour. La preuve, vous la constatez et surtout vous l’entendez. Un incroyable fracas de fin du monde, plusieurs fois par jour. Des pans entiers du glacier s’effondrent dans les eaux du lac Argentino (le plus grand et le plus austral des grands lacs de la Patagonie argentine).
On y est, c’est le Perito Moreno, immense glacier qui se jette en se désintégrant dans les eaux du lago Argentino le plus grand lac d’Argentine, avec une superficie de 1415 km², et le troisième par la taille en Amérique du Sud. Le perito Moreno fait partie de cette langue glaciaire du sud de la Patagonie, en réalité, un immense champ de glace le plus vaste du monde après les pôles (Photo FC)
Repos et méditation devant le Lago Roca non loin d’El Calafate. Tout semble infiniment grand et solitaire alors que la foule se presse non loin de là pour admirer le Perito Moreno (Photo FC)
El Chalten au pied du mythique Mont Fitz Roy : pluie, vent, inondations, mais quel spectacle !
D’El Calafate, que diriez-vous de pousser une pointe de 220 km, plus au sud jusqu’à El Chalten : traverser des plaines sans fin, une steppe aride, longer les deux plus grands lacs du pays aux eaux d’un bleu irréel (Lago Argentino et Lago Viedma), suivre la mythique route 40 (qui relie la Bolivie à la Terre de Feu) avant de bifurquer vers El Chalten. Au bout (en 3 h, à peine 10 véhicules), on se heurte brusquement aux parois verticales de granit de la cordillère des Andes. Devant nous, le célèbre, le mythique Mont Fitz Roy (appelé aussi El Chalten) haut de 3405 m, l’un des pics les plus difficile à escalader de la planète. A ses côtés, les aiguilles Saint Exupéry, Guillaumet, Mermoz…). Voici El Chalten, la capitale argentine du trekking, au sein du parc national Los Glaciares. On est à portée du Chili (province d’Ultima Esperanza). Pluie, vent inondations nous attendent mais quel spectacle !
De ce mirador, à 2 heures de marche d’El Chalten (sans difficultés particulières), c’est l’incroyable vision du massif du Fitz Roy dans sa totalité. Son autre nom, Cerro Chaltén vient du peuple Tehuelche. Il signifie bleu ou bleuté. Ce massif qu’on distingue avec ses sommets dans la brume, est composé des aiguilles Guillaumet, Mermoz, Val Biois, du mont Fitz Roy, et des aiguilles Poincenot, Rafael Juárez et Saint-Exupéry (Photo FC)
Dans cette vallée glaciaire se niche El Chaltén, capitale argentine du treckking. En saison, elle ne compte que 300 à 400 habitants. En hiver, c’est presque un village fantôme. Pourtant c’est le point de départ de tout alpiniste qui veut tenter l’ascension de pics parmi les plus dangereux au monde (Photo FC)
El Chalten, le Rio de Las Vueltas en cru ces jours-là. Tout en méandres (d’où son nom), il se jette dans le Lago Viedma. Dans sa partie supérieure jusqu’au massif du Fitz Roy, son bassin fait l’objet d’un différent frontalier entre l’argentine et le Chili (Photo FC)
De Buenos Aires à Mendoza, 17 heures de bus pour rejoindre le coeur viticole de l’Argentine
Dernier trip, cette fois ci en bus de nuit. De la gare routière de Retiro, 1200 km pour traverser la pampa jusqu’à Mendoza, au pied de la Cordillère des Andes. Là, bat le cœur viticole de l’Argentine. Mendoza assure près de 80 % de la production argentine de vin (à 70 % rouge à partir essentiellement du malbec). Le pays possède le 7e vignoble du monde. Il est en 2020, le 5e producteur mondial de vin. Rendez-vous a été pris : Cheval des Andes à Las Compuertas (Lujan de Cuyo banlieue de Mendoza) du groupe de luxe français LVMH ; Domaine Bousquet à Tupungato, leader argentin des vins bio et Flechas de Los Andes, Valle de Uco, une impressionnante bodega née de l’association entre le Baron Benjamin de Rothschild (Edmond de Rothschild Heritage) et Laurent Dassault.
La Bodega Flechas de los Andes (hommage aux 5 flèches, emblème de la famille Rothschild), au pied de la Cordillère des Andes est née de l’association entre le Baron Benjamin de Rothschild et Laurent Dassault. Elle est située sur le domaine Clos de los Siete, à Tunuyán : 110 ha de vignes (essentiellement du malbec) au pied du spectaculaire Cordón del Plata, à 1 100 m d’altitude, dans la ville de Vista Flores (120 km au sud de Mendoza). Photo FC
Mendoza, Cheval des Andes et son directeur technique, Gérald Gabillet. Ici, on produit l’un des plus grands crus d’Amérique du Sud (malbec et cabernet sauvignon). Ce samedi matin, fin novembre 2019 (lors du printemps austral), c’est un temps breton qui nous attend. Venant à vélo de Lujan de Cuyo (grosse bourgade qui fait partie du Grand Mendoza), pluie et vent jusqu’à Roque Sáenz Peña, route qui désert Cheval des Andes sur le plateau de Las Compuertas, non loin de la Ruta Panamericana. Devant le portail, le gardien trempé nous attend. Une chance car me précisera Gérald, quand il pleut, ici on ne travaille pas (Photo FC)
Voici le Cheval des Andes que nous aurions dû voir. Par temps clair, le spectacle est phénoménal. Ces rangées de vignes occupant des plateaux (Terrazas), tel une mer verdoyante, paraissent buter au pied de la gigantesque muraille de la Cordillère des Andes. Et s’il fallait rajouter de l’exceptionnel à l’extraordinaire, alors il y a ces sommets enneigés qui se détachent sur fond d’un bleu absolu. C’est cela Mendoza et à ce paysage-là, on ne s’y habitue pas ! (Photo Frederico Garcia-Betancourt)
Que reste -t-il de ce chemin de fer mythique ? Il est encore bien visible aujourd’hui à chaque virage de cette route qui traverse les Andes : tronçons de l’ancienne voie ferrée toujours en place, viaducs d’acier, tunnels, gares abandonnées, citernes d’eau et aiguillages rouillés. Mais Jamais plus aucun train ne marquera l’arrêt en gare du Pont de l’Inca. Souvenir du Transandina qui reliait sur 1408 km, Buenos Aires et le port de Valparaiso au Chili ! Entièrement terminé en 1910, il vit son dernier train de marchandises en 1984 (la position du Chili en faveur des Britanniques lors de la guerre des Malouines fut le coup de grâce). Photo FC
Il ne restait plus qu’à traverser les Andes pour rejoindre Santiago de Chile, une capitale alors en proie aux manifestations et à la violence policière.
Nous attend une route spectaculaire, la traversée de la Cordillère des Andes, le passage de la frontière, un tunnel (le tunnel Cristo Redentor) à 3200 m d’altitude et surtout la vision éphémère et presque respectueuse de l’Aconcagua (il est à treize km de la frontière chilienne) du haut de ses 6 962 m d’altitude. C’est le point culminant de l’Argentine, de la cordillère des Andes et du continent américain (Photo FC)
Dernière publication de l’auteur de cet article : Cépages & Vins Editions Dunod (sortie août 2020)
Plus de 50 cépages dans cette nouvelle édition actualisée et enrichie de 320 pages. En fin d’ouvrage, l’index de A à Z des appellations et des cépages autorisés
(Prix conseillé : 22 €).
Pour aller plus loin sur Mendoza :
Cheval des Andes à Mendoza (Argentine), l’un des plus grands crus d’Amérique du Sud.
Texte et photos : François COLLOMBET
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