Le phare de CORDOUAN

 

Il garde  l'embouchure dangereuse de la Gironde. Simple tour à feu au temps de Charlemagne, puis tour à feu du Prince Noir entretenue par des ermites, il fallut attendre la fin du XVIème siècle pour qu'un architecte de génie, Louis de Foix, mandé par le roi Henri III, construise le premier  phare (1584) que nous connaissons aujourd'hui. Inutile de préciser que l'entreprise fut des plus complexes et les travailleurs des plus courageux. Henri IV relance  singulièrement  les travaux très coûteux. Maintes fois restauré face aux éléments océaniques, le phare profita à partir de 1788 des améliorations d'ordre technique dans son sommet de lumière. L'esthétique se maria avec la technologie scientifique. Ce travail d'exception débuta avec l'ingénieur Joseph Teulère qui modifia considérablement le haut de la tour. Ainsi le phare put atteindre ses 68 m de hauteur. Mais surtout le système rotatif fut confié à un horloger Dieppois nommé Mulotin ; puis vint le grand  Augustin Fresnel, physicien hors-pair, qui inventa le système de lentilles encore utilisé de nos jours dans le monde entier. En 1823, Fresnel installa pour la première fois ses fameuses lentilles à Cordouan.

Aujourd'hui, la lumière du Phare de Cordouan est projetée par temps clair jusqu'à 38 km par une lampe à halogénures métalliques...

 

 

FONCTIONS ET USAGES

A égale distance des côtes de la Gironde et celles de la Charente-Maritime (9 Kms) le "Cordouan"  est cadastré sur la commune du Verdon-sur-Mer.



Cordouan est le plus ancien phare français encore actif, mais les techniques ont bien changé. Ce qui n'était qu'un brasier consciencieusement entretenu nuits et jours, grand consommateur de bois, et pourvoyeur d'accidents de livraison par gros temps, devint un des plus modernes dispositifs marins de notre époque. D'abord cette ampoule aux halogénures métalliques qui surprend par sa taille modeste ; elle s'accompagne d'une ampoule de secours toute petite. Consommation électrique ainsi passée de 6000 watts à... 250 watts. Un mécanisme de rotation très précis, aujourd'hui automatisé, impose un groupe électrogène alimentant 12 batteries de 2 volts chacune. Le "rythme du feu", rotation très précise du mécanisme, indique aux marins l'identité du Cordouan. Chaque phare est ainsi reconnaissable selon les règles de navigation. Le bon fonctionnement du phare est assuré par l'équipe des Phares et Balises, locaux installés à la Pointe de Grave, côté Gironde.


Il faut indiquer aussi que "Cordouan" possède la particularité d'être le seul phare en mer à accueillir des visiteurs, à la bonne saison et à marée basse pour pouvoir accoster au plateau rocheux alors dégagé.

Il faut signaler un petit mais passionnant  musée ouvert au public à la "Pointe de Grave".

 

 

Lentilles de Fresnel

 

 

ENTRETIEN ET RESTAURATION

Le nombre des ouvriers qui ont accompli ces tâches ne se compte plus ; ils durent braver les vagues, les embruns, le froid, le vent et tous les dangers de la mer. Il faut savoir que les tempêtes agressent la tour parfois jusqu'au deuxième étage.



Un mot sur les gardiens : ils sont deux équipes de deux à se relayer tous les 14 jours pour veiller à la bonne tenue du phare. Entièrement automatisé certes, mais surveillé nuits et jours car le mécanisme indispensable à la navigation ne doit jamais faillir. Aucun bateau de particulier ne doit investir le phare. Tout événement inattendu doit être signalé. Ces hommes de passion doivent aussi lutter contre une solitude parfois pesante, isolés en mer dans un cadre magnifique mais parfois hostile. L'accueil quotidien des touristes, à marée basse ne doit pas faire oublier les jours de mauvais temps, les hivers de tempêtes, les nuits trop longues. On imagine cette situation dans les siècles précédents...

 

Je remercie tout particulièrement trois hommes qui m'ont permis de découvrir le phare dans d'excellentes conditions, sans autre visiteur que nous :

 

Monsieur Gilles ANNE, chef de la Subdivision des Phares et Balises du Verdon.


Son adjoint, Régis MAGNIER qui m'accompagna durant cette visite très documentée et qui fut un temps de sa vie, gardien du phare. www.cordouan.culture.fr

 

Une pensée particulière pour Monsieur Jean-Marie CALBET, président de l'Association de Sauvegarde du Phare de Cordouan, grand défenseur du phare, directeur du Musée installé dans le phare de GRAVE, à la Pointe de Grave, dans sa tour blanche et noire très reconnaissable. www.asso-cordouan.fr

 

 

 

 

À lire le petit ouvrage très documenté de Jacques PÉRET, "Petite histoire de CORDOUAN"
Geste Editions. (www.gesteditions.com)

 

 

 

 

Le phare de CORDOUAN est classé Monument historique depuis le 31 décembre 1862 (en même temps que Notre Dame de Paris). Il est sur la liste d'attente des futurs Patrimoines Mondiaux de l'Humanité (UNESCO). Pour apprécier la beauté de ce phare exceptionnel, cliquez ici pour voir les photos.

Texte et photos : Felicio Rodriguez